Eglise Saint Jean-Baptiste

                                    et paroisse de Rémeling

 

Eglise de Remeling

Eglise Saint-Jean-Baptiste

I-       Dans les temps anciens.

Il est fort probable que l’origine de Rémeling remonte à l’époque gallo-romaine. Mais ce n’est qu’à partir du 11ème siècle qu’on trouve les premières traces du village dans les pièces d’archives. En 1084, il aurait été signalé sous le nom de Reimelinga.

Rémeling est cité vers 1150 sur la liste des paroisses qui devaient se rendre une fois l’an en pèlerinage au monastère de Mettlach, sur le tombeau de saint Luitwin, fondateur du monastère. Qui dit paroisse dit église avec un prêtre pour la desservir ; mais on ne sait rien sur cette église. Comme toutes les paroisses voisines, celle de Rémeling dépendait de l’archevêché de Trèves.

En 1290, un certain chevalier Joffrid, seigneur de Bartingen, fit don à l’abbaye trévisoise des religieuses de Sainte-Irmine de ses droits de patronage et de décimateur (dîme) qu’il avait à Rémeling. Le droit patronal dont il est question s’exerçait sur une église. En 1290, Rémeling possédait donc une église, peut-être construite par le chevalier Joffrid ou par un de ses ancêtres.

En 1661, Rémeling passa sous la souveraineté française, mais la paroisse resta attachée à l’archevêché de Trèves et les religieuses de Sainte-Irmine y conservèrent tous leurs biens et droits, et ceci jusqu’à la Révolution.

Il faudra attendre les premières années du 19ème siècle pour que la paroisse soit rattachée au diocèse de Metz.

II-     L’église du curé Bonnevie

En 1762, Jean-Mathias Bonnevie, curé de Rémeling de 1758 à 1777, fit ériger une nouvelle église, probablement à l’emplacement de l’ancienne, avec la bénédiction de l’archevêque de Trèves et très certainement avec son aide ainsi que celle des religieuses de Sainte-Irmine.

A partir de 1803, les archives de l’Evêché de Metz et en particulier les rapports des visites canoniques périodiques, commandées par l’évêque et effectuées par les archiprêtres, nous fournissent de précieuses informations. La première visite, en 1803, nous apprend que l’église et le presbytère de Rémeling sont en assez bon état et n’ont pas trop souffert de la Révolution.

Une autre visite, en 1846, nous donne une description de cette église : la nef, plafonnée, n’a que 14m de long sur 8m de large ; le chœur 6m60 sur 5m, la sacristie 3,5m sur 3m. Le clocher se trouvait devant le chœur et possédait deux cloches.

Cette église ne disposait que de 224 places assises et quelques places près du chœur pour les enfants. C’était, en 1846, insuffisant pour une population d’environ 550 âmes. La question de l’agrandissement allait bientôt se poser car, durant les offices, de nombreux paroissiens étaient obligés de rester dehors, devant l’entrée, dans le cimetière qui entourait l’église. Par mauvais temps et en hiver, ces fidèles restaient chez eux.

On apprend aussi, toujours en 1846, que : « Les habitants de cette paroisse sont taquins, dissipés, portés aux divertissements (bals). Quelques uns travaillent le jour du Seigneur (ce qui était un péché grave). Les sacrements ne sont guère fréquentés qu’à Pâques et à Toussaint… ».

D’autres pièces d’archives montrent que pendant tout le 19ème siècle, les relations entre le curé et ses paroissiens, ainsi qu’entre le curé et la commune, sont souvent tendues et même conflictuelles. Les curés ne restaient pas longtemps à Rémeling !

III-  La discorde

Dès 1849, l’église, trop petite, se retrouva au centre des conflits. L’évêque de Metz, Mgr Dupont des Loges, suite à sa visite à Rémeling rendit, le 16 juillet 1849, une ordonnance exigeant un agrandissement de l’église. De retour à Rémeling 12 ans après, en 1861, l’évêque constate que rien n’a été fait. Il renouvelle fermement son ordonnance et fait même intervenir le préfet, mais rien n’y fait : le maire et son conseil ne voulaient rien savoir, ils avaient d’autres priorités.

Survint l’annexion de 1871 qui ne changea rien au problème. Dans les années 1880, de graves fissures apparaissent dans les murs et la voûte du chœur, laissant entrer pluie et vent. Le conseil municipal finit par admettre que des travaux et un agrandissement étaient inévitables.

Mais tout fut remis en cause le 6 mai 1890 quand Mgr Fleck, successeur de Mgr Dupont des Loges, de passage à Rémeling, se prononça pour « la nécessité absolue de construire une plus grande et plus digne maison de Dieu » et il somma les deux conseils, municipal et de fabrique, de faire établir sans retard les plans, des devis et de demander l’aide du gouvernement pour ériger une nouvelle église.

La communauté se divisa alors en deux clans. D’un côté quelques paroissiens soutenant l’évêque et leur curé, l’abbé Muller, et voulant une nouvelle église. De l’autre, la majorité des Rémelingeois, le maire en tête, qui tenait à réparer et agrandir l’ancienne église, estimant que cela reviendrait moins cher.

Les paroissiens de Rémeling refusèrent donc de suivre l’évêque et en firent voir de toutes les couleurs au curé Muller. Pour les punir, l’évêque leur retira le curé Muller qu’il nomma à Merlebach et Rémeling fut privé de curé desservant pendant une quinzaine d’années.

La paroisse fut administrée dans un premier temps par l’abbé François Bidon, curé de Halstroff où il avait déjà les pires difficultés à faire construire une nouvelle église. Il fut très mal accepté à Rémeling où il vint résider au presbytère, le nouveau de Halstroff n’étant pas encore construit. Il se heurta au maire qui persévérait dans son projet d’agrandissement de l’ancienne église et il eut même maille à partir avec le conseil de fabrique. Fortement éprouvé par toutes ces querelles tant à Rémeling qu’à Halstroff, l’abbé Bidon décéda subitement le 3 mais 1901.

L’évêque nomma un nouvel administrateur, l’abbé Damien Hées, curé de Kirschnaumen. Homme de caractère, il s’oppose au projet communal et, avec le conseil de fabrique, relance le projet d’une nouvelle église. Mais rien ne changea dans l’esprit des gens de Rémeling où affrontements, disputes, injures et vociférations rendaient l’atmosphère irrespirable !

IV-   Le miracle

Mais Dieu n’abandonna pas la paroisse de Rémeling et les fidèles qui y résidaient. Au début de l’année 1902, un miracle allait se produire lors des journées d’adoration qui se déroulèrent du 12 au 14 mars. Pendant ces trois jours les paroissiens étaient tenus à assister à de nombreux offices : messe, vêpres, salut, et surtout adoration du Très Saint Sacrement. Sermons et prédications diverses étaient de rigueur. Sollicité et informé de la situation par le curé Hées, Isidore Schneider, curé de Montenach vint à Rémeling pour prêcher les exercices de l’adoration. Isidore Schneider arrivait à Rémeling précédé d’une réputation de bâtisseur. Il venait en effet de construire à Montenach une nouvelle église, un presbytère, une chapelle de pèlerinage en haut de la colline du Klaussberg et même une chapelle à Kaltweiller, dédiée à Saint Antoine de Padoue. Ces constructions faisaient l’admiration de tous et les Rémelingeois les connaissaient. Encouragé par le curé Hées et par ses confrères des villages voisins, Isidore Schneider proposa de venir résider à Rémeling, le temps de construire une nouvelle église et en exigeant de la commune que la somme qui avait été votée pour l’agrandissement de l’ancienne, soit 30 000 Marks. Le conseil de fabrique s’était dit prêt  à avancer 12 000 Marks pour une église neuve.

Et la grâce divine toucha les braves gens de Rémeling qui acceptèrent, le maire Anton Bettenfeld en tête, la proposition du curé Schneider, mais à condition que ce dernier s’occupa de tout.

Le 5 mai suivant, l’évêque de Metz, Mgr Bentzler, qui avait succéder à Mgr Fleck décédé, et qui était en tournée de confirmation, vint lui-même à Rémeling approuver le projet et promettre de venir en personne consacrer l’église dès son achèvement.

V-     Construction et consécration de la nouvelle église

A partir de là, tout alla très vite. Le curé Schneider vint s’installer dans le presbytère de Rémeling et mobilisa toute la population, les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards et ils commencèrent à démolir l’ancienne église. Il démarcha aussi les cultivateurs des villages voisins pour obtenir des voiturages gratuits pour le transport des matériaux.

Le premier coup de pioche fut donné le 5 mars 1903 et la pose ainsi que la bénédiction de la première pierre eurent lieu le 24 mars 1903. Sous la direction du curé Schneider, et avec l’aide de tous les habitants, le chantier avança si vite que la nouvelle église fut « sous toit » à la fin juillet 1903 ! La nef faisait maintenant 22m de long sur 11m de large et offrait plus de 300 places sans compter celle des enfants.

Au printemps 1904, l’église fut enfin prête et Mgr Bentzler vint la consacrer solennellement le 20 juillet 1904. Ce jour là fut un grand jour de joie et de fête à Rémeling. Toute la paroisse était réunie et réconciliée ! Les travaux avaient coûté 44 144 Marks, auxquels il faut ajouter environ 20 000 Marks, montant estimé des travaux et voiturages gratuits pour obtenir la valeur réelle de l’église.

La construction finie, Isidore Schneider regagna sa cure de Montenach où il décéda deux ans plus tard.

VI-   La voûte se fissure

Le 20 juillet 1904, jour de la consécration de l’église, la joie était grande à Rémeling. Malheureusement, cette joie ne dura pas. Dès 1912, Jean-Julien Hourt étant alors curé de Rémeling, des fissures se produisirent dans la voûte de l’église. L’architecte appelé pour expertiser les dégâts mit en cause la toiture, mal conçue, qui repoussait vers l’extérieur les murs et les contreforts. On avança aussi l’hypothèse d’un glissement de terrain. La situation s’aggrave à tel point qu’en 1920, le sous-préfet de Thionville interdit l’accès à l’église, la jugeant dangereuse. Il fallait absolument faire quelque chose.

L’architecte proposa deux solutions : installer des tirants de fer pour maintenir les murs en place (estimation 20 000 Francs) ou démolir la nef et en reconstruire une nouvelle (250 000 Francs). Le choix était évident. La commune rechigna, mais, sommée par le sous préfet, elle fit installer les tirants en 1922. Ils y sont toujours et ont permis à l’église Saint Jean Baptiste de Rémeling d’être encore debout aujourd’hui.

VII-Bénédiction de cloches

Dans l’histoire d’une paroisse, la construction d’une nouvelle église est un événement majeur, exceptionnel même ici à Rémeling au vu des péripéties qui l’ont entourée. Mais d’autres évènements méritent aussi qu’on s’y arrête ; en particulier les bénédictions de nouvelles cloches qui étaient aussi des occasions de fête et de réjouissance.

En 1923 eut lieu une première bénédiction de cloches. Dans le clocher de la nouvelle église on avait en 1904 réinstallé les deux anciennes cloches. La plus grosse fut réquisitionnée par les autorités allemandes en 1917. Alors, la paix revenue, on s’empressa de commander trois nouvelles cloches et le 11 juin 1923 on procéda à leur bénédiction solennelle. Leur achat, en partie couvert par une souscription, et leur installation revinrent à 15 000 Francs.

Mais la paix fut de courte durée ; deux cloches furent à nouveau confisquées en 1943 et la troisième fut abîmée par des éclats d’obus qui mirent aussi à mal le clocher. Sans perdre de temps, en 1947 on commande trois nouvelles cloches car une paroisse sans cloche est une paroisse sans vie. Elles seront bénies la même année, le clocher n’avait même par encore était réparé ! L’église avait en effet subi des dégâts lors de l’offensive américaine de novembre 1944. Le mur de fond fut aussi touché, il fallu démolir la tribune, et surtout les beaux vitraux du chœur, payés par de généreux donateurs en 1904, volèrent en éclats.

Un dernier fait marquant est à signaler : le 26 juillet 1945 est nommé le dernier curé desservant Rémeling et logeant dans le presbytère : Nicolas Steichen.

VIII-Les derniers prêtres administrateurs de la paroisse

A partir de 1950, le manque de vocations se fit rapidement sentir et depuis Rémeling n’a plus de curé titulaire. La paroisse sera administrée par des prêtres du voisinage puis par des curés modérateurs. En voici la liste :

  • Charles Laurent, curé de Waldwisse, à partir du 2 avril 1952
  • François Grandil lui succède à Waldwisse et à Rémeling le 1er octobre 1965
  • Gérard Scherrer, curé de Contz-les-Bains, le 2 juillet 1990
  • Gérard Schoving, modérateur de l’équipe pastorale du plateau de Sierck, le 6 octobre 1991
  • Etienne Heintz, curé modérateur de la communauté de paroisse de Saint-Gall du Plateau de Sierck le 1er septembre 1998
  • Le père Stéphane Zajac lui succède le 26 janvier 2002
  • Vincent Naumendorff prend le relai le…

Alphonse GAMBS