Homélie du dimanche 14 février

Homélie du dimanche 14 février

Dimanche 14 février 2021
SIXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Références bibliques :

Du livre des lévites. 13 1 à 46 : « Sa demeure sera hors du camp ».
Psaume 101 : « Ne me cache pas ton visage le jour où je suis en détresse. »
Lettre de saint Paul aux Corinthiens. 1 Cor. 10. 31 à 11.1 : « Je tâche de m’adapter à tout le monde. Mon modèle, c’est le Christ. »
Evangile selon saint Marc. 1. 40 à 45 : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »

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JESUS A PITIE DE LUI
A l’époque de Jésus, la lèpre était une source de répulsion et même de terreur. Pour les juifs, le lépreux était un pécheur et le verset 43 le rappelle. Or, ci, cet homme a bravé l’interdit qui l’excluait de la communauté et ne lui permettait aucun contact avec qui que ce soit. Il est entré dans la maison où se trouve Jésus. Il est au milieu des auditeurs.
Ce qui l’a décidé à enfreindre cette loi très stricte, c’est qu’il est malheureux et n’a qu’une espérance : la bonté de celui dont il a entendu déjà tant de merveilles. Il compte sur sa puissance : « Si tu le veux, tu peux me guérir. »
Jésus se trouve devant cet homme, et, dans le même temps, à out ce qui l’exclut de la société. Dans les scènes antérieures, rapportées par saint Marc, il y est fait mention soit de la privation de la liberté physique, comme la maladie qui empêche la belle-mère de Pierre de rendre service, soit de la liberté spirituelle comme la possession d’un esprit mauvais. Dans les deux cas, cette maladie ou cette possession sont nettement distinguées du mal qui habite le cœur de l’homme.
Par contre, pour la lèpre, il en était autrement, puisqu’elle est la conséquence du péché, selon la loi juive. A l’occasion de la guérison du paralytique, saint Marc nous dira clairement que Jésus a tout pouvoir contre le péché. Ce sera la lecture de dimanche prochain. Aujourd’hui il le démontre en affrontant cette double exclusion physique et spirituelle et en réintégrant le lépreux dans le peuple de Dieu.
Il a pitié de cet homme, comme il a pitié de tout homme qui vit hors de la communauté des enfants de Dieu.
C’est là son œuvre de salut. « Il est venu pour que la multitude des hommes soient sauvée. » (1 Cor. 10. 33) L’amour peut tout, chantera saint Paul dans son hymne à la charité. Saint Marc note ce sentiment intime de Jésus que seul un témoin a pu remarquer, parce que celui qui lui a rapporté l’épisode était présent dans la maison, saint Pierre dont Marc est l’évangéliste.

L’AUTORITE DE JESUS
Jésus étend la main et touche le lépreux qui est guéri au moment même de ce geste. Jésus ne craint ni l’impureté ni la contagion. Il sait qu’il est la guérison. Son pouvoir vient d’ailleurs, même s’il n’est pas d’une autre humanité que la nôtre et dont il fait les gestes simples : toucher, et sans autre parole que « Je le veux, sois purifié. » Et non pas de longues incantations comme le font tant et tant de charlatans.
Il sait qu’il ne peut être souillé par cette lèpre comme il n’est pas souillé par le éché. Il est la Vie qui ne peut craindre la corruption. D’une certaine manière, il anticipe sa résurrection par cette guérison qui rend pleine vie à celui qui est venu lui demander de vivre comme tous les autres et au milieu d’eux. Ici saint Marc ne mentionne aucun questionnement de la part de ceux qui sont présents, alors qu’en d’autres circonstances, ils murmurent ou pensent : « Qui est-il ? »
En faisant cette guérison, Jésus ne veut pas se mettre ni hors de la loi ni au-dessus d’elle. Il demande d’un ton sans réplique, et non pas sévère, que le lépreux en accomplisse les exigences en allant se montrer aux prêtres. Il est nécessaire que soit constatée la pureté reconquise et qu’ainsi cette attestation devienne un témoignage sans contestation ultérieure.
Il nous faut reprendre le sens des termes grecs que Marc emploie. « La lèpre s’est éloignée », (Marc 1. 42) comme une réalité extérieure à cet homme. Il ne devient pas autre, il redevient lui-même. Il est purifié. Il en est de même pour nous tous. Quand nous nous retirons du péché, nous redevenons pleinement ce que nous sommes.
Puis Jésus lui demande de partir. S’il a retrouvé son intégrité personnelle, le lépreux ne doit pas rester là à se réjouir de lui-même, à passer des heures de commentaires enthousiastes (Marc 1. 45) Jésus lui demande de s’éloigner, car il doit d’abord et sans attendre, réintégrer la communauté.

POUR LA GLOIRE DE DIEU
De son côté, Jésus s’éloigne pour se retirer dans des lieux « déserts » afin d’éviter aussi les enthousiasmes déplacés de la foule. Ceux qui veulent le rencontrer doivent entreprendre une démarche personnelle qui les engage parce qu’ils sont dégagés d’une ambiance qui les entraîne à ne voir que la guérison, sans aller à l’essentiel, qui est le message de la Bonne Nouvelle.
« Je ne cherche pas mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés », écrit saint Paul aux Corinthiens. L’Apôtre a pris le Christ pour modèle. (1 Cor. 11. 1)
Nous devons agir et réagir ainsi. « Tout faire pour la gloire de Dieu » et non pour être admiré personnellement. Sinon cet intérêt personnel devient un obstacle (1 Cor. 10. 33) L’homme de Dieu ne se met ni sur le devant de la scène, ni dans le meilleur champ des caméras. Il est là pour conduire à Dieu dont il n’est que le serviteur.
Dès ces premiers moments de sa vie publique, le Seigneur prend bien soin d’éviter que chacun ne s’arrête à lui seul ou ne s’égare que dans des considérations trop humaines. Il le dira clairement, après la multiplication des pains, faisant remarquer à la foule qui le cherche : »Vous me cherchez parce que vous avez mangé des pains et que vous en avez été rassasiés. Travaillez pour la nourriture qui demeure en vie éternelle. » (Jean 6. 26)
Dans le désert où bien souvent les hommes s’égarent, s’enlisent et s’affaissent épuisés, il est le chemin qui conduit à son Père, en qui demeure la Vie éternelle.

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« Accorde-nous, Dieu tout puissant, de conformer à ta volonté nos paroles et nos actes dans une inlassable recherche des biens spirituels. » (prière d’ouverture)
Quittons donc les lieux de nos habitudes, de nos égocentrismes satisfaits, de nos prétentions et de nos velléités, pour vivre « l’inlassable recherche des biens spirituels. »