Histoire de la construction de l’église

                                                    Saints Pierre et Paul de Halstroff

 

Eglise d'Halstroff

Eglise Saints Pierre et Paul

Il y a plus de cent ans, l’église se trouvait au cœur du village de Halstroff. Les trois villages, Bizing, Grindorff, Halstroff ne formaient qu’une commune. En 1890, l’abbé François Bidon avait la charge de la cure. Monsieur Jacob Jean-Nicolas était maire des trois villages. L’église était en mauvais état.

  • 30 mars 1890: six membres du conseil municipal et les hauts contribuables votent pour la réparation de l’église, douze pour une nouvelle construction.
  • 13 juillet 1890: les membres du CM de Halstroff votent pour la restauration, les autres pour une nouvelle construction.
  • 7 avril 1892: les membres du CM de Halstroff votent pour une nouvelle construction sur l’ancien emplacement, les autres maintiennent leur vote.
  • 24 novembre 1892: l’évêque refuse la construction à Bizing et donne un avis favorable pour le Kreuzfeld.
  • 5 novembre 1893: le maire présente un avis de l’architecte Blumhard où l’ancienne place est retenue. Les membres du CM de Grindorff-Bizing maintiennent leur position.
  • 25 juin 1894: réunion extraordinaire provoquée par le directeur de l’arrondissement Killinger et après de nombreuses tractations, tous votent pour le Kreuzfeld (sauf deux membres).

Commença alors une bataille acharnée de Halstroff contre cette nouvelle construction sur un nouvel emplacement.

  • 7 novembre 1895: la somme de 93 000 Marks est allouée malgré une opposition virulente et minoritaire.
  • 29 décembre 1895: vol des plans retrouvés sous une pierre à Bizing.
  • Juin 1896: élections municipales, nouveaux conseillers et nouveau maire.
  • 11 octobre 1896: l’adjudication des travaux a lieu, leur exécution confiée à l’entreprise Petry de Waldwisse. Les gens de BG nomment une commission de surveillance des travaux.

On se divisa encore pour cause de non-respect du projet, pour l’emplacement et pour le dépassement des devis…

  • 10 février 1898: on constate le dépassement de la somme allouée et l’entente paroissiale tombe en miettes.
  • Printemps 1898: le clocher est terminé.

Nouveau conflit entre les instances communales et les instances religieuses à propos des cloches. Monsieur le curé s’installa à Rémeling et il se créa une situation très spéciale à Halstroff : 2 ans, deux églises, pas de curé, pas de sonneries, pas d’offices.

  • avril 1899: construction du presbytère.
  • 29 avril 1900: le gouvernement ordonne au prêtre d’ouvrir l’église pour les offices du 24 avril en le menaçant de bloquer son traitement.
  • 3 mai 1901: le nouveau presbytère est prêt.
  • 6 mai 1901: Monsieur le curé a une attaque cérébrale et meurt.
  • 24 octobre 1901: Monsieur le Maire meurt, sa santé étant ruinée par toutes ces querelles.

Une querelle de clochers dans l’ancienne commune de Bizing – Grindorff – Halstroff

Au 19e siècle, les 3 villages ne forment qu’une commune et l’église se situe à Halstroff, au-delà du ruisseau, obligeant « ceux de Bizing et Grindorff » (1) à un long trajet comprenant une traversée presque complète de la localité.
Or, l’église donne, en 1890, de sérieux motifs d’inquiétude : elle risque de s’effondrer. Le choeur sera étayé et l’autel avancé vers la nef pour garantir la sécurité de l’officiant. Les cloches prennent place dans la cour du presbytère car le clocher donne lui aussi des signes de faiblesse. Il faut donc agir, mais comment ?

Les uns veulent transformer et reconstruire sur place les parties les plus dégradées ; les Bizingeois verraient avec satisfaction une nouvelle église implantée au cœur de leur propre village. Le nouveau curé, François Bidon, rêve d’une belle église avec un grand presbytère, sur la colline, en dehors de l’agglomération, sur la route de Bizing, (à la manière de villages voisins : Montenach, Flastroff, Kemplich).
On se lance dans des études de projets, des chiffrages de devis optimistes. On se réunit beaucoup. Des clans et des cabales se forment. Les villageois vont vivre pendant près de 12 ans un roman noir à multiples rebondissements faisant intervenir le conseil municipal, le conseil de fabrique (2), le curé qui n’hésite pas à porter des accusations en chaire, l’évêque de Metz et ses représentants, les autorités administratives et même le gouvernement de l’Empereur Guillaume II !

Le Conseil municipal se divisa en deux groupes opposés : les représentants de Halstroff penchaient nettement pour la réparation, gardant ainsi l’église au centre de leur village et du cimetière, tout en limitant les coûts. De plus, la proximité de l’école était un argument de poids car les jeunes allaient au moins une fois par jour à l’église. Les conseillers de Bizing, qui connaissaient la peine occasionnée par de longs déplacements, militaient pour une reconstruction, mais hors de l’agglomération de Halstroff. Les esprits s’échauffant, ils évoquèrent même, tous et à haute voix, un désir d’indépendance qui se faisait jour : leur village et Halstroff voulaient des budgets séparés et une scission en deux communes indépendantes!
Le curé joua habilement des oppositions, donna partiellement raison aux uns et aux autres. Ayant laissé entendre en chaire que Paul JACQUES, (mon arrière-grand-père), tenancier du café-restaurant, votait pour le maintien de la vieille église au seul profit de son commerce (situé presque en face), il suscita une jalousie telle que les convictions furent ébranlées et penchèrent subitement en faveur de sa thèse.
L’église resterait donc à Halstroff mais serait reconstruite en se rapprochant considérablement des deux autres localités. Le pasteur d’âmes proposait d’utiliser le terrain du Kreuzfeld et n’envisageait pas de vivre dans le vieux presbytère qui aurait simplement été réparé même pour 10 ans seulement comme certains le voulaient.

Le 25 juin 1894, la réunion d’un conseil extraordinaire, élargi au curé et à l’équivalent du sous-préfet dans l’administration impériale allemande, entérina ce projet.

Mais les querelles reprirent de plus belle: les conseillers municipaux ne voyaient que les coûts et tentaient maladroitement de les contenir, le curé et ses partisans voyaient la louange de Dieu et l’expression de la foi des paroissiens. On constata que les budgets étaient sous-évalués. Les plans de construction furent volés à Halstroff pour être retrouvés à Bizing sous une pierre.
L’adjudication des travaux eut enfin lieu en octobre 1896 et leur exécution confiée à l’entreprise Petry de Waldwisse.

(1) Expression locale : remplace « les habitants de B. et G. » (en patois : déi fun Béisegen un Gréindroff)
(2)Assemblée qui gère les biens et intérêts matériels de la paroisse

On se divisa encore pour cause de non-respect du projet quant aux matériaux et à l’implantation exacte. Les pierres de taille ajoutées à la base de l’édifice gonflaient les factures ; et pour l’emplacement, les habitants de Halstroff auraient voulu qu’on s’en tienne au débouché du chemin du Stilzfeld, ceux de Grindorff prétendaient qu’on construirait juste à côté du chemin qui desservait leur village. L’entrepreneur construisit à mi-chemin des prétentions opposées.
L’autorité qui ferait sonner les cloches dans le nouvel édifice qui venait d’être fini donna lieu, elle aussi, à controverses. Les ecclésiastiques revendiquèrent cette prérogative sur les prétentions communales. La serrure du clocher fut bloquée. Finalement on ne sonna plus du tout !

Le curé Bidon, de guerre lasse, s’était « expatrié » en 1898 dans le village voisin de Rémeling. En effet, pour cause de dépassement de budget, on refusait de construire son beau presbytère. La vieille église fut définitivement fermée avant que l’on songe à l’abattre.
Halstroff, présentait le paradoxe de deux églises vides de toute fréquentation religieuse. Les curés du voisinage soutenaient leur confrère et aucun d’eux ne vint y officier. Aussi, durant deux ans environ les paroissiens assistèrent à la messe, dispersés dans tous les villages environnants.
A Kirschnaumen, le prêtre ayant pris parti en chaire contre certains irréductibles qui continuaient à disputer et protester, fut condamné à une forte amende de 100 mark-or pour paroles outrageuses…

Le presbytère fut tout de même construit.
L’église nouvelle, en style néo-gothique, visible de loin, était élégante, enrichie de belles pierres de taille de Jaumont (1) mais obstinément close. Le 29 avril 1900, le gouvernement impérial ordonna finalement l’ouverture du nouveau lieu de culte en menaçant le curé de bloquer son traitement. (2) Une nouvelle querelle surgit encore à propos du jardin de la cure que l’intéressé voyait grand. Cet espace devait produire des légumes, des fruits mais offrir également un lieu calme avec des plantations propices aux méditations du bréviaire (3) quotidien.

Enfin, le 3 mai 1901, le maire de Halstroff dépêcha un émissaire à Rémeling pour remettre au curé les clés du tout nouveau presbytère. Le logement, fin prêt, était, par la qualité de sa construction et la noblesse de ses lignes, en harmonie avec l’église voisine, sans doute tel que le prêtre l’avait rêvé.

Arrivé à ses fins, il meurt presque aussitôt, le 6 juin alors qu’il avait tout mis en œuvre pour déménager ce jour-là. Triste sort !
Dans l’émotion, le conseil municipal vote, post mortem, la rallonge de crédit autorisant le grand jardin désiré et dispense le nouveau curé de la rallonge de 500 marks que l’abbé Bidon avait promise puis voulu oublier.
Le maire, Monsieur Foncin, ébranlé par tous ces événements disparaît également quelques mois plus tard. Les familles garderont des rancunes tenaces, selon le clan auquel elles ont appartenu et aussi d’un village à l’autre. En 1922 la paroisse sera scindée en deux communes.

Pierre Jacques, professeur de secrétariat à l’Ecole de Commerce de Metz (dans les locaux de l’actuel Lycée Louis Vincent) fit un exposé complet de ces événements tragi-comiques dans un cahier personnel tapé à la machine, en janvier 1914. C’est ce document, rédigé en allemand, qui est ici résumé. Quant à Antoine JACQUES et son épouse, ils prirent le parti de n’en jamais parler à leurs enfants, préférant occulter cette période qui leur avait procuré du tracas.

D’autres tristes événements auraient échauffé les esprits dans la paroisse dans les années 1880, mais rien d’autre n’en a été dit dans le document de référence…

(1) Jaumont : carrières situées à 15 km au nord-ouest de Metz (entre St-Privat-la-Montagne et Malancourt-la-M.). On y extrait une pierre calcaire jaune. fine et résistante, dont la cathédrale, le palais de justice, le théâtre de Metz ont été bâtis.
(2) En Alsace-Moselle, les ministres des cultes étaient et sont toujours payés par l’Etat, sous le régime du Concordat signé par Napoléon 1er avec le pape.
(3) prières à réciter dans la journée par les prêtres et qu’ils lisaient dans un livre portant ce nom.

Extrait d’un document laissé au presbytère par Pierre Jacques, enseignant à Metz (janvier 1914).


Ancienne église de Halstroff

Ancienne église de Halstroff

Ancienne église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Paul ; dessin à la plume conservé à la mairie d’Halstroff. En 1756, lorsque les bénédictins de l’abbaye de Bouzonville reconstruisent l’église alors située au centre du village, ils ne  conservent de l’édifice primitif que la tour-clocher ronde, peut-être romane. Devenue trop exigüe et menaçant de tomber en ruine l’église est rasée en 1898.

Située à la naissance du ruisseau de Bizing, la paroisse de Halstroff fut une filiale de l’église de Kirschnaumen relevant comme cette dernière du bailliage de Bouzonville. Ce village appartenant à l’ancienne province de Lorraine fut abandonné après la guerre de Trente Ans et resta désert jusque vers 1675.
Une chapelle,dédiée à saint Sébastien, fondée au XVe siècle au centre du village, a été détruite par le feu en 1792 et ne fut pas reconstruite.
L’écart de Forgeville, ancienne annexe de Bizing, était constitué d’une maison forte et d’une ferme sur l’emplacement desquelles se trouve depuis 1888 une maison forestière appelée Kalenhof. Des trouvailles archéologiques attesteraient que le site était déjà occupé à l’époque romaine.

Source : Images du patrimoine canton de Sierck-les-bains Moselle

 


Chapelle Immaculée Conception de BIZING

 

Bizing Chapelle Immaculée Conception : paroisse d'Halstroff

Chapelle Immaculée Conception de Bizing


Chapelle St Isidore de GRINDORFF

Grindorff Chapelle Saint-Isidore : paroisse de Halstroff

Chapelle Saint-Isidore de Grindorff